raid hobie cat

Raid en Hobie 21 Cannes/Porquerolles

Pour voir la VIDEO cliquez sur le lien ci dessous :

http://www.youtube.com/watch?v=QCwrXB5vYrw

 

L’aventure commence en fait en été 2004, j’ai déniché
chez un loueur de planches à voile et de catas situé à la pointe du Palm Beach
à Cannes un Hobie 21 Formula. La bête achetée 1800 Euros est à l’état d’épave,
les voiles entièrement délaminées permettront tout juste d’emmener le bateau de
l’autre côté de la baie sur la base de l’ASPTT ; l’accastillage est en
bout de course et les coques présentent de nombreux trous réparés au scotch
US !

Depuis
il a retrouvé une nouvelle jeunesse, et même une fière allure avec beaucoup
d’huile de coude, de l’accastillage correcte, une paire d’ailes d’occasion, et surtout
un jeu de voiles neuf. Les voiles fabriquées en Thaïlande sont du « sur
mesure » car j’appris par Camille de CAT’ASSISTANCE qu’en fait ce Hobie 21
baptisé « MONSTER » faisait partie d’une série limitée ayant pour
principale caractéristique un mat plus haut de1 Mètre 50.

Début
juin 2005, je décide d’emmener mon fils Bambou de douze ans à Porquerolles avec
le Monster. On prévoit de faire l’aller tous les deux et Yves mon ami depuis
trente ans nous rejoindra là-bas pour profiter des îles et participer au
retour. On prévoit de partir le 15 juillet, et en attendant on fait quelques
essais de navigation avec tout le matériel arrimé. Comme on veut être autonome
durant 5/6 jours, on a prévu deux gros bidons étanches et trois sacs étanches
attachés sur les ailes, les tapis de sol sont attachés dessous ainsi que les
pare-battages pour hâler le bateau sur la plage. L’ancre avec sa chaîne et 50 mètres de mouillage
trouve sa place sous le sac à spi. Les boites de conserve et l’eau sont dans
les coques grâce aux trappes de visite. Etant tous les trois fanas d’apnée on
emmènera aussi palmes, masques, tubas et même les ceintures de plomb, les
combinaisons néoprènes servant également en navigation. Pour dormir on prend les
sacs de couchage mais on fait l’impasse sur la tente. Il pleut rarement dans le
midi en été, et on emmène avec nous une bâche de 3M X 4M, qui en cas de besoin
sera installée sur la bôme ; la drisse de Grand-voile faisant office de
balancine.


Premier départ.

Le 15 juillet à 8 heures Yves est là pour
nous aider à préparer le bateau. Je pars avec Bambou en milieu de matinée,
petite brise de Sud force 2. Trente minutes plus tard ce sera force 4, on
s’abrite quelques instants dans la baie de Théoule pour enfiler nos lycras et
nos shortys. Une fois reparti, on prend la barre à tour de rôle, celui qui est
au trapèze est moins mouillé et peut donc avaler son sandwich tranquillement.
On tire un grand bord au large de l’île Saint Honorat, et on vire direction
l’Estérel juste après avoir vu deux poissons-lune. Après quelques bords le vent
tourne et continue à monter. On est au près serré, je barre et Bambou est au
trapèze. Arrivés presque devant Agay il y a maintenant un bon 5 et le bateau
est dur à contrôler. Un sac étanche mal arrimé traîne dans l’eau côté sous le
vent et n’est retenu que par un bout de garcette. Je lofe un peu plus, presque
vent debout et Bambou va rattacher le sac. La suite est peu honorable, la forte
houle finira par lever le bateau et le vent s’engouffrant sous le trampoline et
dans la voile pourtant choquée on a fini par dessaler. Mes 70 Kg et les 50 Kg de Bambou ne suffisant
pas à redresser Monster, cela s’est terminé par un feu à main et l’aide rapide
d’une grosse vedette à moteur pour tirer sur le bout de dessalage et redresser
notre cata.

Retour à la case départ
dans l’après-midi avec un casting de safran brisé ; le raid est remis à
plus tard.


Second départ.

10 août

 

    La pièce d’alu tenant le haut du safran a été
ressoudée et on a cette fois-ci décidé de partir tous les trois pour éviter la
même mésaventure. Idem pour la préparation du bateau sauf qu’il y a les
affaires de Yves en plus et que les sacs de couchages sont maintenant dans les
bidons étanches. Les sacs « étanches » ont la fois précédente montrés
leurs limites et transformés les sacs de couchage en éponges …

On
part donc à 11 H 45, cette fois-ci le temps est couvert, le vent est Sud-est
faible, il montera légèrement vers le Trayas ; on alterne les bords près
de la côte et vers le large sans toutefois trouver une force de vent décente.
Entre le cap roux et les vieilles près d’Agay, il tombe même complètement
quelques minutes avant qu’une bonne averse nous rafraichisse. Une belle brise
de Sud-est s’établit, on dépasse le Dramont à 16 H 45, on avait un moment
envisagé d’y passer la nuit mais on en profite pour envoyer le spi et traverser
d’un seul bord le golfe de Fréjus.

La
brise cessera à environ 1 mille de St Tropez, ce qui nous permet de sortir la
carte pour viser une plage accueillante, pampelone étant exclu on veut éviter la
musique des discothèques. On choisit la plage de la Moutte, pas de récifs, on y
distingue peu de monde et deux petits bateaux tirés au sec. On accoste à 19H15
(43°15.656 Nord – 6° 41.591 Est), trois vacanciers nous aident à tirer le
Monster sur le sable. La nuit sera dure, musique, vent d’est, courses de
scooter sur la plage, orage et pluie.


11 août

Après
un solide petit déjeuner et un grand rangement on quitte la plage à 10 H 15, on
longe Pampelone puis les caps Camarat, Taillat et Lardier, le vent est Sud
force 3. On voit l’île du levant et loin au large de la baie de Cavalaire on
peut établir le Spi. On avale rapidement les milles, l’île de Port-Cros est
maintenant plus nette. Le GPS nous donne aussi la vitesse et c’est Bambou qui
décroche la palme en barrant un peu plus de 15 nœuds. On fait une petite halte
baignade à l’abri du vent tout contre l’île du levant, les fonds sont vraiment
magnifiques et les poissons plus gros et moins farouches. Une fois
ragaillardis, direction Port-Cros dans la baie de Port Man, il était temps,
plus un souffle d’air et on doit finir à la pagaie. A peine attachés à une des
bouées qui délimitent les zones de mouillage du parc national, le garde du parc
arrive et très gentiment nous explique que l’on peut aller au fond de la baie
sur une petite bande de sable ou éventuellement contre le ponton mais il est
privé. On opte pour le ponton dont le propriétaire super sympa arrivera peu
après pour nous dire de rester et même nous proposer son aide si l’on avait
besoin de quelque chose. Quelle hospitalité ! Un bébé goéland devient même
notre mascotte. Ce soir dîner sur ponton en teck avec coquillettes aux
quenelles de brochet et boite de crabe puis nectarines et abricots macérés dans
l’eau de mer, un festin. Concernant la nuit elle fut étoilée sauf pendant
environ une heure ou elle fut bien arrosée … par un orage.


12 août

Lever
à l’aube, petit-déjeuner, rangement du bateau (dernière nuit où l’on a installé
la bâche), balade sur l’île, un peu d’apnée, on joue avec la mascotte qui en
profite pour finir les abricots, concours de ricochets, on casse la croute et
on quitte ce havre de paix à 13 H, petite brise de Sud-est. Un petit au revoir
à la splendide tour de la citadelle qui défend l’entrée de Port-Man puis on
part plein Sud, la météo annonce du Sud pour l’après-midi et donc on ne veut
pas naviguer du côté de l’île sous le vent. On double l’îlot de La Gabinière à 14 H avec le
vent annoncé (un petit force 2) et cela ne changera pas jusqu’à la pointe Est
de Porquerolles. Pour le plaisir des yeux on passe entre l’île et le premier
rocher des Mèdes (à 15 H 25), une fois de l’autre côté c’est un Sud-ouest force
3 qui nous permet une navigation plus rapide et sportive avec les harnais. Il y
a dans cette baie de Hyères plus de bateaux que l’on en a croisé depuis le
début, et en regardant de loin les mouillages devant les plages on pourrait
croire qu’il est possible de passer d’un bateau à l’autre en marchant tellement
ils sont proches et nombreux. La grande plage à l’Est du port nous semble bien
abritée pour y passer la nuit, il est 17 H 30 et on trouve deux volontaires sympas
pour nous aider à mettre le cata au sec. On test à l’occasion les deux
pare-battages emmenés en guise de rouleaux, ils s’écrasent beaucoup mais
roulent quand même ; cela permet de soulager nos vertèbres mais aussi la
semelle des coques (le Monster pèse 300 Kilos à vide, et là il est bien chargé).
Ce soir ce sera salade tomates/maïs avec du pain puis fruits car même sur la
plage on veut éviter d’allumer le réchaud à cause des risques d’incendie.
Première nuit sans pluie. On roule les sacs de couchage dès le réveil car
interdiction de dormir sur la plage à Porquerolles.

Le
garde passera le matin pour savoir si l’on avait dormi ici, je lui ai répondu
que oui à cause d’une casse sur le bateau (une réa du palan de GV a perdue
toutes ses billes, mais on a fait avec jusqu’à la fin)

et
donc cela s’est bien passé. Vers 9h30 on repart pour revenir ¼ d’heure après et
prendre deux ris dans la voile. On se contentera de traverser jusqu’à la
presqu’île de Giens et de trouver un mouillage à Dragon Bay. Petite crique
paradisiaque bien abritée où nous décidons de coincer la bulle jusqu’au
lendemain. Ce sera notre meilleure sieste, notre plus bel arrêt, la meilleure
nuit …


13 août

On roule les sacs de couchage dès le réveil car interdiction de dormir sur la
plage à Porquerolles. Le garde passera le matin pour savoir si l’on avait dormi
ici, je lui ai répondu que oui à cause d’une casse sur le bateau (une réa du
palan de GV a perdue toutes ses billes, mais on a fait avec jusqu’à la fin) et
donc cela s’est bien passé. Vers 9h30 on repart pour revenir ¼ d’heure après et
prendre deux ris dans la voile. On se contentera de traverser jusqu’à la
presqu’île de Giens et de trouver un mouillage à Dragon Bay (43°02.019 Nord –
6°10.234 Est). Petite crique paradisiaque bien abritée où nous décidons de
coincer la bulle jusqu’au lendemain. Ce sera notre meilleure sieste, notre plus
bel arrêt, un petit paradis … On trouve même un petit jacuzzi naturel dans les
rochers.

La
météo prévoit du mistral baston pour le lendemain : une (bonne) occasion
de rentrer rapidement au portant. C’est décidé, nous partons demain, après
avoir vu le marchand de glaces ambulant, il nous confirme les prévisions. Assis
sur les rochers nous savourons nos glaces en pensant à la belle journée qui
nous attend.


14 août

On est dimanche matin, après la meilleure de nos quatre nuits à la belle étoile et
un bon petit déjeuner, nous chargeons le matériel et préparons le bateau. A 10
heures le vent est encore faible, mais on décide de garder les deux ris de la
veille sur la grand-voile.

A
10 heures 30 c’est parti, cap à l’Est, en passant entre les îles et la terre.
Le temps est magnifique, force 4 puis 5 jusqu’à Port-Cros, où nous enroulons le
foc. Nous longeons rapidement l’île du levant, poussés par un mistral de plus
en plus fort. Dans les surfs nous mesurons quelques pointes de vitesse à 16
nœuds avant de sagement ranger  GPS et appareil
photo car le vent monte encore ; plus question de rêvasser ! La mer
se creuse et les vagues commencent à déferler. Les sillages des coques se
rejoignent à 5 ou 6 mètres
du bateau et font penser à celui d’un puissant hors-bord…

Les
surfs deviennent impressionnants, probablement dans les 20 nœuds. Parfois en
fin de descente, les étraves s’enfoncent presque entièrement dans l’eau en
soulevant une gerbe d’écume qui nous aveugle un instant. On est tous les trois
installés le plus à l’arrière possible du cata en se demandant souvent si on ne
va pas finir par enfourner. Un ris supplémentaire serait le bienvenu, une voile
de planche suffirait. Barrer devient vraiment physique et exige de plus en plus
de concentration et de précision à mesure que le vent monte : abattre ou
lofer de plus de 5°, ce serait risquer un empannage hasardeux ou la survitesse
et le dessalage. Le chariot est déjà à l’extrémité du rail et la GV est choquée au maximum, elle
s’appuie sur le hauban. Le problème est que ce cap imposé nous éloigne peu à
peu de la côte, déjà distante de 7 ou 8 milles, et que pour s’en rapprocher il
faudrait se décider à empanner. Plus on va au large plus le vent et la houle
forcissent. Sur une erreur de barre l’empannage arrive sans prévenir et presque
sans casse : juste une belle bosse sur le crane de votre narrateur. On
change de côté presque aussi vite que la voile et nous voila sur un bord guère
plus calme mais beaucoup plus rassurant. La côte se rapproche rapidement et
nous pouvons souffler 5 minutes à l’abri du Cap Camarat, pause barres de
céréales et boissons énergétiques.

Nous
repartons rapidement avec une mer et un vent assagis près de la côte. En face
des Issambres le vent faiblit : nous larguons les deux ris et décidons
d’envoyer le spi. Cela durera deux minutes puis il faudra l’affaler car le vent
tourne sans arrêt, les voiliers autour de nous qui ont le même cap ne sont pas
tous sur la même amure. Finalement le vent d’Ouest reprend et nous pousse
gentiment jusqu’au Dramont à côté d’Agay, il est 16 heures 30. Là c’est à
nouveau la renverse, cette fois définitive avec un vent d’Est force 3-4 en
plein dans le nez pour rentrer.

Il
nous faudra trois heures en tirant de nombreux bords, en passant les petits
caps les uns après les autres, avant d’arriver à Cannes sur la plage du départ.
Il est 19 heures 30, juste à temps pour trouver quelques âmes charitables qui
nous aident à tirer le bateau au sec.

On
aurait pu sans la renverse faire Giens/Cannes en sept heures, le vent en a
décidé autrement. Après neuf heures de navigation non-stop on est fatigués mais
heureux.

Remerciements :

 

Un
grand merci

à
Camille de Catassistance pour ses précieux conseils,

à
l’ASPTT de Cannes pour leur aide et leurs encouragements,

à
www.bambouteam.com pour leur aide
logistique,

à
www.phuketwake.com et

à
www.phuketwindsurfing.com pour
leur aide matérielle.

Si c’était à
refaire :

 

Un
ris supplémentaire dans la grand-voile !

Le
reste de l’année Patrick Gasiglia habite et travaille à Phuket en Thaïlande où
il est moniteur de plongée et s’occupe également de wake-board et de windsurf.
Vous pouvez le contacter sur son e-mail perso à : bambou53@hotmail.com

Il
se fera un plaisir de vous répondre si vous avez des questions sur son raid en
21 ou sur vos vacances en Thaïlande.